Nouveau portrait.
Merci beaucoup à Aline d’avoir accepté mon invitation à témoigner.
Voilà le portrait d’une jeune femme qui a su se faire confiance et ainsi suivre ses envies et ses rêves! Bravo!
Belle découverte!
Parle-nous de toi, qui es-tu ?
Je m’appelle Aline, j’ai 27 ans et je suis Rennaise d’origine. Aujourd’hui je suis formatrice, metteuse en scène et comédienne. Je suis particulièrement attirée par le clown, à qui je souhaite rendre ses lettres de noblesse à travers mon travail. Mais fort heureusement je suis aussi une infinité d’autres choses et je crois que c’est ce que je trouve le plus excitant !
Quel(s) diplôme(s) possèdes-tu aujourd’hui? Comment s’est déroulé ton parcours scolaire ?
Pendant mon parcours scolaire, j’ai été une élève très studieuse avec toujours de bons résultats et pourtant…je n’ai pas d’autre diplôme que le bac ! J’ai toujours été une spécialiste du : « ok ça, ça marche, mais ce n’est pas ce que je veux faire finalement » ou alors peut-être que j’avais peur d’être qualifiée pour quelque chose bizarrement…
Ainsi, après avoir obtenu mon Bac, j’ai fait un double cursus : LEA à l’Université (Langues étrangères appliquées au commerce international) que j’ai continué jusque la fin de ma deuxième année (j’ai donc eu le DEUG mais cela n’a plus de « valeur diplômante » il aurait fallu aller jusque la licence pour cela) et j’étais aussi élève au conservatoire de théâtre de Bretagne car c’est un art que je pratiquais depuis mes 6 ans !
Dès que j’en ai eu la possibilité, je suis partie à Paris faire une école professionnelle de théâtre, c’est pour cela que je n’ai pas fini ma formation universitaire dans laquelle je n’arrivais vraiment pas à me projeter professionnellement. Cela ne m’a pas empêché de bifurquer une troisième fois, cinq ans plus tard, lorsque j’ai réalisé que mon expérience parisienne du monde du théâtre était très éloignée de ce dont je rêvais. J’imaginais rencontrer plein de gens et monter une compagnie théâtrale fraternelle, j’avais en vérité rendez-vous avec un milieu principalement individualiste et requin. Néanmoins, j’ai fait mes trois années de formation dans cette école. Cela a été riche en expériences et j’ai beaucoup grandi je crois. Je suis intimement convaincue que je devais vivre cela, comme un apprentissage nécessaire à ma construction.
L’emploi pour toi, ça se passe comment aujourd’hui?
Tout d’abord il me semble important de dire que je pense être assez informée et relativement lucide sur l’état actuel du « monde ». Nous sommes au bord d’une radicale crise financière mondiale, la carte du monde pourrait même changer en profondeur ces prochaines années. Personnellement, je ne crois ni en la possibilité d’avoir une retraite pour notre génération ni en la « valeur travail » scandée haut et fort par nos politiques.
Le travail est, à mon sens, loin d’être une valeur. La racine du mot « travail » vient du latin tripalium qui n’était autre qu’un instrument de torture destiné à punir les esclaves du temps des romains ! La valeur torture non merci !
Attention, je ne dis pas qu’il ne faut rien faire ! Je dis que ce que l’on entreprend, je pense que nous devons le faire avant tout par plaisir et parce que c’est en accord avec ce que nous sommes profondément. Je ne peux pas nier la réalité de notre monde qui est que nous avons besoin d’un minimum d’argent pour vivre. Aussi, la seule option qui s’offrait à moi avec ces paramètres, c’était de créer mon propre emploi ! Je suis donc formatrice en clown et je prends un plaisir immense à voir l’impact positif que cela a sur mes élèves. Cela leur procure joie, confiance en eux, amour et cela les aide à se découvrir eux-mêmes. J’ai l’impression de faire quelque chose qui va dans le « bon » sens et qui dépasse ma petite personne.
Je suis également entrain de co-construire, avec mon conjoint, une entreprise ( I&CC ) spécialisée en formation en intelligence et création collective. Cela s’inspire du modèle de ce que l’on appelle « l’entreprise libérée », un nouveau type d’approche du monde entrepreneurial basée sur une hiérarchie horizontale et non pyramidale comme c’est le cas aujourd’hui dans la majorité des structures.
Et avant, tu faisais quoi?
Juste avant cela, et après mon expérience parisienne, je suis partie expérimenter, pendant trois ans, la vie dans une communauté au sein d’un écovillage artistique (EVA). Trois années dans la montagne, au milieu de la forêt dans le Languedoc Roussillon où nous étions en autonomie énergétique et en voie d’autonomie alimentaire. Nous accueillions des stagiaires et des personnes désireuses d’expérimenter ce mode de vie où nous devions faire « ensemble ».
Imaginez ! Du jour au lendemain, je suis passée de la comédienne parisienne citadine qui passait des castings à devoir prendre une hache et aller couper mon bois si je voulais avoir du chauffage l’hiver ! Je suis passée de vivre seule dans mon petit appartement à vivre en continu avec 8 autres personnes, comme une famille d’êtres hétéroclites qui se découvraient au jour le jour et apprenaient à fonctionner ensembles. J’ai découvert énormément de facettes de « moi-même » que je ne soupçonnais pas à travers cette expérience, c’était incroyable !
Pourquoi ce(s) changement(s) ? Quel a été le « déclic » ?
J’ai traversé une période difficile à Paris avec de gros problèmes de santé. Je crois que mon corps exprimait ce que je ressentais au fond car ma tête refusait d’accepter l’idée que la forme initiale de mon rêve parisien était une illusion et ne me correspondait pas. Quand j’ai finalement traversé cette période et lâché mes attentes, j’ai commencé à faire des rencontres profondes et magiques. Des êtres avec qui il y avait une véritable résonance et qui depuis n’ont cessé d’être une source d’inspiration pour moi. Ils m’aident à découvrir qui je suis et ce à quoi j’aspire réellement. Mon compagnon, qui fait partie de ces personnes, était le fondateur de cet éco village. On peut donc dire que c’est l’Amour qui a été le déclencheur j’imagine?
L’orientation scolaire, ça s’est passé comment pour toi ?
Ça a été une recherche tourbillonnante ! Au départ je voulais être journaliste ou politicienne pour changer le monde ! Mais nos aspirations initiales sont souvent la projection de ce que souhaitent nos parents, et nous, on a envie de les rendre fiers.
Et tes parents alors, ils étaient en accord avec tes choix/envies ?
Ils m’ont toujours dit qu’il fallait que je fasse ce que je voulais. Bizarrement, le jour où je leur ai dit « Papa, maman, je veux devenir comédienne ! » ils étaient beaucoup moins enthousiastes que moi ! Mais j’ai fini par les convaincre et leur prouver que ce n’était pas juste une lubie passagère et ils m’ont aidé à financer ma formation à Paris.
Un mot à ajouter pour les jeunes d’aujourd’hui et leurs parents ?
Je ne suis pas mère mais je peux comprendre que l’avenir des ses enfants puisse être une préoccupation majeure pour les parents. Néanmoins, je pense que la meilleure manière d’aider ses enfants est d’essayer ne pas faire de projections sur eux et de leur faire confiance.
Si leur premier choix s’avère être un échec, c’est très bien aussi, ils apprendront d’autant plus. L’échec est même le plus grand des apprentissages.
Pour ce qui est des jeunes, je leur dirais d’être avant tout curieux, curieux de tout ! Je leur dirais également d’écouter leur intuition et d’avoir confiance en eux et en leurs choix. Eux seuls peuvent répondre à la question « de quoi je rêve pour ma vie ? » et la réponse à cette question évolue avec les années, je pense que rien n’ai jamais figé…. C’est ce qui est magique !
Merci Aline pour ce partage.
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