Nouveau portrait .
Merci beaucoup à Sylvain d’avoir accepté mon invitation à témoigner.
Un parcours à la fois scientifique et littéraire.
Belle découverte!
Parle-nous de toi, qui es-tu ?
Je m’appelle Sylvain, je viens d’avoir 29 ans et je suis originaire de la Guadeloupe. Je suis venu dans l’Hexagone pour faire mes études à Montpellier, et par la suite je me suis installé à Paris après y avoir trouvé mon stage de fin d’études, qui s’est transformé en CDI.
Quel(s) diplôme(s) possèdes-tu aujourd’hui? Comment s’est déroulé ton parcours scolaire ?
J’ai eu un bon parcours scolaire, je n’ai pas eu de problèmes particuliers.
Lorsque j’y repense, je trouve qu’il reflète plutôt bien qui je suis, ou en tout cas l’image que j’ai de moi : c’est un parcours très généraliste, car je suis curieux de tout, j’ai envie de tout maîtriser ! J’ai obtenu mon Bac S option SVT avec mention grâce… aux matières littéraires ! J’ai intégré une Prépa Lettres, ce qui m’a naturellement conduit en troisième année de licence d’Histoire-Géographie.
Cette année a été la plus dure de mon parcours car je savais que je ne voulais pas devenir prof.
Comment rester motivé en sachant pertinemment que ce parcours ne me mènerait à rien de souhaitable ?
J’ai obtenu de justesse ma licence, mais j’ai décidé de changer de voie : je suis allé en Sciences Politiques à la fac de Droit, parce que cela me correspondait mieux. J’ai une Licence et un Master professionnel en Sciences Politiques, ainsi qu’un Diplôme d’Université Etudes d’Opinion et de Marché, puisqu’il était obligatoire avec mon master.
L’emploi pour toi, ça se passe comment aujourd’hui?
Alors l’emploi et moi c’est une histoire en stand-by car j’ai quitté mon CDI au mois d’avril. J’ai sollicité et obtenu une rupture conventionnelle.
Et avant, tu faisais quoi ?
Avant, j’ai travaillé pendant 5 ans dans un Institut de sondage. Non je n’étais pas celui qui vous harcelait au téléphone (rires) ! J’étais chargé d’études qualitatives senior dans le domaine des Services. Ce titre barbare et obscur signifie que je réalisais des études de marché pour des clients qui venaient des secteurs de la Banque, des Transports, de l’Energie…
J’animais des groupes de consommateurs ou je réalisais des entretiens en face-à-face dans le but de tester des produits, des noms, des logos, des slogans, des campagnes de publicités, des programmes de fidélité ou tout simplement de comprendre les usages et attentes des clients.
C’est un métier qui permet aux entreprises (dans mon cas) et aux institutions publiques de prendre les meilleures décisions pour garantir le succès de leurs produits, campagnes de communication…
Pourquoi ce(s) changements(s) ? Quel a été le « déclic » ?
C’est une excellente question. Je crois que c’est une décision liée à la fois à un contexte particulier et à une réflexion personnelle profonde.
Le contexte particulier fait référence à une équipe qui fonctionnait très mal, à la fois en termes d’organisation et de résultats (sûrement un lien de cause à effet) mais aussi, au niveau de l’entreprise, à une culture qui ne laissait pas suffisamment de place à l’expérimentation, la reconnaissance, l’accompagnement et la stimulation des talents. J’ai réalisé énormément de sacrifices qui se sont révélés contreproductifs. C’était un univers qui créait beaucoup de frustration.
La réflexion personnelle quant à elle concerne mon propre rapport à ce métier. Je ne suis tout simplement pas fait pour le marketing. J’y suis entré par facilité, en me laissant porter par la vie et les opportunités. Le manque de certitudes, d’accompagnement et de courage aussi pour découvrir ce que je voulais de façon suffisamment précise pour faire un choix motivé, la peur du chômage, la promesse d’un bon salaire et d’une évolution professionnelle rapide et valorisante…
Je pense que ce sont les éléments qui m’ont amené à embrasser cette carrière. J’aimais la méthodologie de ce métier, c’est-à-dire rencontrer des personnes, discuter avec elles pour comprendre leurs besoins et leurs logiques, je me suis rassuré en me concentrant là-dessus, mais sa finalité est une chose à laquelle je n’ai jamais pu m’identifier parce que je n’ai jamais pu y associer un sens suffisamment fort : il y a des choses plus importantes que des produits de consommation !
C’est pourquoi j’ai décidé de quitter ce milieu, plutôt que de changer d’entreprise. Le contexte a été un accélérateur, il a rendu la décision plus urgente, plus naturelle.
Le déclic a été le jour où j’ai essayé de me projeter dans le même secteur, et que je n’ai pas vu une seule option satisfaisante, je n’ai vu que de la douleur. J’ai su qu’il était vraiment temps de partir.
L’orientation scolaire, ça s’est passé comment pour toi ?
Je n’ai pas eu de problèmes particuliers à ce sujet. J’ai toujours eu une boussole qui m’a permis de prendre des décisions claires : ce que je voulais.
Je voulais faire S parce que je voulais être neurologue, j’ai voulu faire une classe préparatoire parce que je voulais intégrer un Institut d’Etudes Politique, j’ai choisi de quitter l’Histoire-Géographie pour la Science Politique parce que ça correspondait mieux à ce que je voulais obtenir comme connaissances.
Le seul moment critique a été le passage de l’orientation scolaire à l’orientation professionnelle : quel stage de fin d’études choisir, dans quel secteur, dans quel type d’entreprise ?
Je pense que je l’ai vécu comme « un choix pour la vie », en me focalisant plus sur mes peurs que sur mes envies.
Et tes parents alors, ils sont en accord avec tes choix/envies ?
Mes parents m’ont accompagné à chaque étape, sans jamais rien m’imposer. Et cela a été valable pour mon frère et ma sœur également, alors que nous avons des personnalités et des profils différents.
Le seul moment où ils n’étaient pas d’accord, c’est lorsque j’ai fait le choix d’aller en S, alors qu’eux voulaient que j’aille en L parce que cela me correspondait mieux. Mon père passait beaucoup de temps à chercher des informations sur chaque filière, sur chaque ville proposant des formations, il me les passait en m’indiquant celles qu’il trouvait particulièrement intéressantes.
Mais globalement j’ai toujours eu le dernier mot, eux m’ont surtout apporté leur aide et soutien pour faire le bon choix.
Un mot à ajouter pour les jeunes d’aujourd’hui et leurs parents ?
L’orientation est un moment/ sujet compliqué.
Il me semble que le plus important est de bien se connaître et de ne pas avoir peur d’aller dans la direction que nous indique nos inclinaisons naturelles.
Je ne suis pas certain qu’on puisse demander à un jeune de vingt ans et moins ce qu’il veut dans la vie. Il est plus intéressant de se demander quelle voie ai-je envie d’explorer.
Il ne faut surtout pas oublier non plus que rien n’est figé dans la vie, on fait un choix aujourd’hui mais rien ne nous empêche de revenir sur ce choix plus tard. C’est même plus fréquent qu’on ne le pense ! Ce n’est en rien une perte de temps, au contraire, cela nous permet de savoir avec plus de certitudes dans quelle direction on souhaite aller.
Merci Sylvain pour ce témoignage.
Je retrouve dans tes propos les messages que je souhaite transmettre et partager encore et encore!
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